D'un jasmin sanglant, du sang de la révolution, un kaléidoscope de vies, celles des habitants de Tunis, dessine un autre Tunis. Le film commence par cette myriade de portraits comme si de leur éclosion naissait une sensation, une perception nouvelle de Tunis et des Tunisiens. Comprendre Tunis, un peu mieux, dans sa complexité et la diversité de ses habitants. Visages et couleurs de la ville, du magnifique interprète Lotfi Bouchnak, aux vendeurs du marché, à un jeune maquilleur : Kamel, au journaliste: Sofiane ben Farhat, au compositeur Naoufel Benaïssa, aux poètes soufis : Chedly Garwachi et Mezen Cherif, au fils du Rabbin de la Goulette, Gérard Slama... et des femmes : les femmes de Tunis ! Regards au pluriel car de cette multitude de rencontres se crée une autre vision plus intime de la ville. Dans toute rencontre ce sont deux histoires qui essaient de se comprendre, de se découvrir. Pourquoi regards d’un étranger ? On est toujours étranger à ce que l'on aime, écrivait Malraux, cela n'empêche pas l'échange…

Mateo Mornar : Le sculpteur de l'immense

Voilà un film rare autant par le sujet que par la teneur des images et des propos.
On ne présente plus René Girard, de l’Académie Française, le penseur de la violence, du religieux, du désir mimétique, traduit dans le monde entier, l’auteur de La violence et le sacré, Des Choses cachées depuis la fondation du Monde, Je vois Satan tomber comme l’éclair, Géométries du désir, etc.
Des pensées au cœur de notre monde, on ne s’y trompe pas la théorie mimétique de René Girard est appliquée, revisitée dans de multiples domaines, anthropologiques, philosophiques… biologiques, etc.
Ce film a le privilège rare de saisir René Girard, chez lui, aux États Unis, à Stanford, dans son bureau personnel dans un entretien avec un de ses continuateurs et ami de longue date : Daniel Lance, philosophe, écrivain et… réalisateur. On y voit René Girard très à l’aise, joyeux, précis, simple, en grande forme et d’une rigueur absolue qui à partir d’un livre d’enfance tire le fil de toute sa pensée jusqu’à maintenant. A 87 ans, c’est un témoignage exceptionnel d’un penseur rare qui dans ce film développe avec clarté et humour son parcours de chercheur allant même jusqu’à évoquer des développements de sa pensée jamais dits auparavant.
On sort de ce film, ayant le sentiment d’avoir saisi une vision originale et forte de notre monde et on est touchés de vivre 52 minutes de l’intimité d’un penseur majeur du XXIème siècle.

Lettre d'Antoine Bourseiller sur le film qu'on lui a consacré : Antoine Bourseiller ou comme on entre en théâtre